Le prix du meilleur exposé de la CPHIA 2023 a été attribué à Joseph Fokam du Centre international de référence Chantal Biya pour la recherche, la prévention et la prise en charge du Vih-sida (CIRCS).
Le médecin, responsable du laboratoire de virologie de cette institution a présenté une communication sur la surveillance des résistances au Dolutegravir, un médicament antirétroviral proposé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la prise en charge des personnes vivant avec le Vih-sida.
Plusieurs pays africains avaient acquis ce produit et en faisaient une utilisation à large échelle sur les patients. C’est un médicament présenté comme ayant une efficacité très élevée car sa barrière génétique contre la résistance du virus est aussi élevée.
Le médicament a aussi une forte potence, c’est-à-dire que le produit baisse rapidement la charge virale et donc détruit rapidement le virus chez les patients.
Sauf que plusieurs pays ont mis le médicament à la disposition des patients sans avoir un outil de surveillance des risques de résistance. Le laboratoire de virologie du CIRCS, à travers le service de virologie que pilote le Dr. Fokam en a fait un sujet de recherche de grand intérêt. Faut-il le préciser, des sources crédibles affirment qu’en Afrique centrale, le Cameroun, avec le CIRCS, est l’unique institution de recherche à disposer des équipements adéquats et des ressources humaines qualifiées pour mener la surveillance de ces résistances. « C’est dans ce contexte que nous avons soumis à la CPHIA 2023, nos recherches menées à temps réel chez les patients camerounais soumis au Dolutegravir », explique le virologue.
L’étude a identifié trois catégories de patients résistant au produit. Par exemple, chez les malades co-infectés du Vih et de la tuberculose et traités à la fois pour l’une et pour l’autre infection, l’étude a prouvé que la tuberculose, dans sa gamme de médicaments, possède une molécule qui a des interactions avec le Dolutegravir. De plus, en cas de traitement concomitant antituberculeux et antiviral, il faudrait privilégier le protocole qui ne contient pas le Dolutegravir afin de minimiser les risques de développement de résistance.
L’équipe de recherche reconnaît que le Dolutegravir est très puissant. Cependant, elle propose que son utilisation soit au préalable encadrée de précautions. « Si nous poursuivons les études à large échelle, notre institution pourra compter comme une force de propositions auprès de l’OMS en matière de suivi des patients du Vih-sida dans tous les pays à ressources limitées du monde », confie le Dr. Fokam.
Pour arriver à la première place, le travail est passé par plusieurs mails, tant au niveau du CIRCS où il a fait l’objet de deux ans de recherche qu’au niveau du Cphia. Dans la short-list des meilleurs travaux de Lusaka, Joseph Fokom et son prix. le jury international a donné la note de 4,75/5 à la recherche du Dr. Fokam. Sur une échelle de 20, cela équivaudrait à la note de 19/20! Des hommes de science affirment que c’est la preuve que cette recherche peut avoir de l’impact dans la prise de décision à l’OMS à l’avenir.
Le CIRCS a soumis une dizaine de travaux à la CPHIA 2023 : neuf ont été acceptés, trois parmi les neuf sont arrivés au niveau de la communication orale. Les six autres ont franchi l’étape de la communication orale virtuelle. « C’est tout dire de la qualité des travaux que nous faisons au CIRCS», conclut l’heureux lauréat qui a reçu son prix des mains de Mutale-Nalumango, vice-présidente de la République de Zambie.