Le royaume chérifien a occupé le siège du Sahara occidental, retardant l’ouverture des travaux.
Un incident diplomatique est survenu dans une réunion d’experts en économie hier à Dakar, capitale du Sénégal. A la faveur de la dixième réunion annuelle conjointe du comité technique de l’Union africaine et de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) sur les finances, la planification économique et les affaires monétaires, le Maroc et la République sahraouie démocratique se sont retrouvés dans la salle, comme la cinquantaine d’autres délégations des pays africains. Le Maroc n’a pas apprécié la présence du Sahara occidental et a occupé son siège. « Cette entité qui n’est pas membre des Nations unies ne saurait participer à une conférence conduite par la CEA, un organisme des Nations unies », a expliqué au reporter de JAFEC mag, Taleb Barrada, ambassadeur du Maroc au Sénégal et porte-parole de la délégation marocaine. La contestation du Maroc a duré toute la mi-journée, retardant l’ouverture de la réunion des experts de plusieurs heures. Pour décanter la situation et permettre l’ouverture des travaux, il a été convenu dans les négociations à huis-clos, nous a confié Taleb Barrada, que « la rencontre se tienne seulement sous l’égide de l’Union africaine qui assume l’invitation et la présence de ce pseudo pays ». Sur cet incident, la plupart des officiels sont restés très peu diserts, expliquant que c’est un couac politique dans une rencontre économique.
Lorsque Anthony Mothae Maruping, commissaire aux affaires économiques de la Commission de l’Union africaine prend la parole au nom de Moussa Faki Mahamat, président de l’Union africaine pour lancer en mi-journée, la réunion des experts, c’est pour repréciser les défis qui doivent préoccuper l’Afrique : la croissance, les réductions des inégalités et la création de l’emploi. « L’Afrique a trop souffert de la domination coloniale pour se laisser encore distraire aujourd’hui par des questions autres que le développement du continent. Il est en train de naître de ses cendres et aspire à être un grand village », a martelé Anthony Mothae Maruping. On ne peut pas croire que ce message n’ait pas été clair pour toutes les délégations présentes, quels que soient leurs bords, leurs affinités ou leurs différends. La symbolique du Sénégal où se tient cette rencontre a été soulignée : Ce fut la porte d’entrée de l’esclavage et de la déportation des valeureux fils d’Afrique et il est normal que le pays de la Teranga soit le cadre de la réflexion pour une croissance africaine qui impacte positivement les conditions de vie des populations.
Pour cela, il a été proposé que les communautés économiques régionales travaillent pour affiner les indicateurs de croissance. Elles savent ce qui doit être fait : compter sur les ressources internes comme les recettes fiscales à collecter avec plus d’efficacité et à répartir avec équité, limiter l’évaporation illégale des capitaux, relever les revenus des ménages vulnérables, baser la croissance sur les meilleures opportunités d’emplois à la jeunesse pour éviter qu’elle soit une bombe à retardement. « Il faut garantir une société fondée sur la stabilité et la paix, a conclu Giovannie Biha, secrétaire adjoint de la CEA, présentée comme invitée spéciale. La crise créée par le Maroc a perturbé le reste des travaux. Il n y a eu que la cérémonie d’ouverture. Le Maroc s’étant campé sur sa position : que la réunion soit assumée par l’Union africaine si le Sahara occidental doit y prendre part. En rappel, c’est en janvier dernier que le Maroc a réintégré l’Union Africaine.
Jeanine FANKAM, à Dakar