Ordy Philaine BETGA AKEUDJI, PhD, est chercheuse Associée au Think Thank CEIDES
Observatoire des Pays de la CEEAC et du Nigéria.
« Catherine SAMBA-PANZA est portée à la tête de la RCA au moment où le pays déchiré est ravagé par une guerre civile meurtrière, et des exactions multiples de groupes armés (principalement la Séléka et les Anti-Balaka) contrôlant plusieurs régions du territoire. Malheureusement, la signature de l’Accord de paix à Khartoum le 06 février 2019 entre le gouvernement centrafricain et 14 groupes armés, n’a pas réussi à annihiler les violences, avec encore près de 70% du territoire national contrôlé par des milices. Malgré un bilan jugé en demi-teinte et quelques dossiers sombres à la tête de la transition, l’on retient que Catherine SAMBA-PANZA a permis à la RCA de renouer avec l’ordre constitutionnel à travers l’organisation d’élections démocratiques ayant porté Faustin Archange TOUADERA à la présidence de la RCA. Celle qui se définissait au départ comme une apolitique, a su au fil du temps faire preuve d’un engagement citoyen et politique extraordinaire pour son pays, dans un esprit altruiste. C’est certainement fort de l’expérience de la transition qu’elle s’est déclarée candidate à la dernière élection présidentielle du 27 décembre 2020. Son échec lors de cette élection ne marque toutefois pas la fin de sa carrière politique, elle ne cesse de renforcer sa présence et de se démarquer.
Catherine SAMBA-PANZA est une personnalité d’une grande expérience au-delà des frontières de la RCA. Elle a à plusieurs reprises démontré son engagement pour plusieurs causes aussi bien en RCA qu’en Afrique. Elle se définit également comme une panafricaine militant pour les causes des femmes et des jeunes filles. Elle a œuvré et continue de travailler à la promotion du leadership politique des jeunes femmes en RCA, consciente qu’il est urgent de construire une élite féminine bien formée et compétente pour évoluer vers une gouvernance réinventée, plus efficace. Pionnière du Réseau de Femmes Leaders en RCA mis sur pied en juillet 2018 et présidente de l’Observatoire Panafricain du Leadership Féminin (OPALEF), elle travaille en symbiose avec d’autres leaders féminins du continent à la déconstruction des schémas du pouvoir patriarcal. Elle peut être une source d’inspiration pour d’autres femmes centrafricaines et africaines qui aspirent à une plus grande intégration dans les cercles décisionnels. Son désir d’œuvrer à la pacification et à la reconstruction de la RCA peut être capitalisé par les dirigeants actuels, ses propositions en tant que candidate à la dernière élection présidentielle, calqués sur les recommandations du forum de Bangui de 2015 et portant sur une démarche plus inclusive pour sortir la RCA de ce cycle de violence, demeurent d’actualité pour relever les défis sécuritaires et sociaux qui interpellent la RCA. Elle demeure une personnalité avec laquelle il faudrait travailler, à l’heure où la RCA a plus que jamais besoin de tous ses fils et filles pour retrouver le chemin de la paix et de la prospérité »