A 45 ans, cette avocate d’origine congolaise résidant en Ecosse, rentre dans l’histoire de l’une des universités les plus prestigieuses du monde.
Le 1er mars dernier, Debora Kayembé a pris les commandes comme patronne de l’Université d’Edimbourg (Capitale Ecosse). Elle est le premier dirigeant noir à occuper ce poste depuis les quatre siècles d’existence de cet établissement. Une révolution certaine qui bouscule les codes pour cette institution fondée en 1583. Elle en est, par la même occasion, la troisième femme sur 53 recteurs depuis le XVIe siècle. L’Université d’Edimbourg est en huitième position dans le classement des universités les plus prestigieuses d’Europe et l’une des plus riches du Royaume-Uni.
Debora Kayembé obtient le couronnement, 16 ans après avoir fui son pays d’origine, la République démocratique du Congo (RDC). Membre du barreau congolais, elle est partie de manière rocambolesque en 2005, âprement recherchée par un groupe armé qu’elle avait contribué à démasquer, dans son combat de défense des droits de l’Homme. Elle se réfugie en Europe et s’installe véritablement en Ecosse en 2011. Ici aussi elle va subir le racisme : des clous discrètement plantés dans les roues de sa voiture, sa fille sommée d’exécuter la danse des esclaves à l’école devant ses camarades… Des actes qui poussent Kayembé à lancer une pétition afin que le parlement écossais se penche sur cette question dans le milieu éducatif. Le parlement agrée la requête.
Le choix porté sur sa personne à la tête de l’Université d’Edimbourg la laisse sans voix : « C’est quelque chose que je n’avais jamais imaginé, jamais cherché », confie-t-elle à la presse. Elle reconnaît que c’est une grande responsabilité avant d’ajouter : « Je suis un exemple qui montre au monde que si vous êtes capables de réaliser les bonnes choses et de lutter pour la justice, en vous oubliant vous-même et en mettant la cause des autres en avant, la récompense sera toujours grande. »
Sa priorité après son installation le 1er mars ? « S’assurer que l’Université attire les esprits les plus brillants en Ecosse ». Elle estime que son élection est aussi une opportunité pour le continent. « L’Afrique a besoin de l’éducation, de la meilleure éducation… Mon rôle sera de m’assurer que ce soit tout en haut de l’agenda », promet-elle. L’Université d’Edimbourg compte parmi ses anciens étudiants des Premiers ministres, des prix Nobel, des athlètes olympiques.
Debora Kayembé a gravi les échelons. Elle est avocate, linguiste, auteure, militante des droits humain. Depuis sa nomination, des félicitations lui parviennent de partout, dont celles de Félix Tshisekedi, président de la RDC. Elle se dit déterminée à renforcer l’attractivité de son institution dans le monde.