Seule femme finaliste du Prix Goncourt 2020, et vainqueur deux jours plus tard du Goncourt des lycéens, l’écrivaine camerounaise a donné plus de visibilité à ses combats, notamment l’émancipation de la femme du Sahel.
Ce n’est pas fini ! Et ça ne finira jamais. Oui, Djaïli Amadou Amal n’a pas remporté le Goncourt 2020 proclamé le 30 novembre de la même année avec son roman « Les Impatientes » paru aux Editions Emmanuelle Collas en septembre 2020, mais elle a frappé fort dans le monde de la littérature africaine et mondiale. En devenant lauréate du Goncourt des lycéens dont les résultats ont été dévoilés le 2 décembre 2020, Djaïli Amadou Amal marquait un accomplissement d’envergure dans sa carrière d’auteur. Et au-delà de ces prix littéraires, Djaïli Amadou Amal s’est pour de bon révélée à la face du monde… depuis le Cameroun. En effet, l’écrivaine de 45 ans vivant et travaillant au pays a participé au Goncourt, prestigieux prix littéraire, avec la réédition d’un livre d’abord édité au Cameroun en 2017, « Munyal, les larmes de la patience », chez Proximité, une structure locale.
En décidant de porter plus loin son plaidoyer, la fille du Diamaré dans la région de l’Extrême-Nord a donné plus d’écho à ses multiples combats, dont le plus urgent est l’émancipation de la femme du Sahel. Et même de la femme tout court. Un combat qui s’inspire de l’histoire de l’adolescente Djaïli, mariée de force à un quinquagénaire, répudiée par ce premier mari, victime des violences conjugales de la part de son deuxième époux qu’elle quitte, avant de rencontrer l’homme avec qui elle partage aujourd’hui un foyer, écrivain lui aussi, Badiadji Horretowdo. Son combat, elle a pu l’exprimer grâce à sa passion, son amour des lettres, dès son premier roman paru en 2010 aux éditions Ifrikiya, autre maison camerounaise, « Walaande, l’art de partager un mari. » En 2013 chez le même éditeur, elle écrira le magnifique et pas assez évoqué « Mistiriijo, la mangeuse d’âmes », traduit en wolof, qui parle de la stigmatisation des femmes âgées accusées de sorcellerie et condamnées à la solitude, mais qui plaide également en faveur d’un retour aux beautés disparues de la culture peule.
A travers ses œuvres donc, Djaïli Amadou Amal choisit de ne pas se taire. Elle choisit d’être une « Impatiente », de ne pas subir les injustices. Ce qui ne lui vaut pas seulement des amitiés. Et la pasionaria ne mène pas seulement ses combats par voie littéraire. Elle a créé l’association de défense des droits des femmes, « Femmes du Sahel », un vaste projet éducatif en faveur des jeunes filles. En plus, parce que l’écriture lui a sauvé la vie comme elle le dit souvent, elle veut partager cet amour avec les jeunes défavorisés à travers l’ouverture des bibliothèques. Un amour sur lequel revient un lecteur : « Avec tout l’engouement suscité par la participation de Djaïli au Goncourt, ça peut redonner le goût de la lecture aux Camerounais. Imaginez que les autorités lui organisent une tournée dans les lycées, ça aura un impact considérable sur la jeunesse. » De l’impact, Djaïli en a indéniablement. Elle l’aura l’occasion de le démontrer encore plus à travers ses nouvelles responsabilités d’Ambassadrice de bonne volonté de l’Unicef.