Deux événements importants honorent la femme africaine depuis ce 1er mars 2021. L’un se déroule en Suisse et l’autre en Ecosse. Les deux événements marqueront l’histoire. A Genève, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala prend la fonction de directeur général de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). C’est la première fois qu’un Africain accède au poste, la première fois que le fauteuil est occupé par une femme. A Edimbourg, la Congolaise Debora Kayembe s’installe comme recteur de l’Université de la ville, l’une des plus prestigieuses du monde. Quatre siècles que l’Université d’Edimburg existe et Debora Kayembe est la première Noire à accéder au poste. Dans l’un et l’autre cas, il s’est agi d’une élection, et le mérite est revenu à la femme, la femme africaine ! C’est une légitime fierté pour toute Africaine. Ce 8 mars 2021, elles seront consacrées et célébrées par la Journée internationale de la femme (JIF).
La Congolaise n’a plus remis les pieds dans son pays, la République démocratique du Congo (RDC), depuis 2011. Poursuivie par un groupe armé qu’elle avait contribué à démasquer dans son combat en faveur des droits de l’Homme, elle s’était réfugiée en Europe pour avoir la vie sauve. Petit rappel : pour la course à la tête de l’OMC, l’Afrique est allée en rangs dispersés. Sur les six candidats du départ, la moitié était d’origine africaine, venant du Kenya, de l’Algérie et du Nigeria. La presse en avait fait les choux gras, s’étonnant que l’Afrique se « morcelle » dès la ligne de départ. Ngozi Okonjo-Iweala n’était même pas la candidate présentée par la Commission de l’Union Africaine. Mais elle était sûre d’elle, avec un CV en béton. Le Véto, en octobre dernier, de Donald Trump (alors président des Etats-Unis) n’y a rien pu ! Quand le destin doit s’accomplir…
Deux valeureuses figures féminines sont donc sur le podium depuis le 1er mars 2021. Sans doute un hasard de calendrier. Peu importe ! Le carillon qui annonce les nouvelles pages de leurs carrières respectives peut résonner comme un appel. Un appel à célébrer la JIF autrement dans la plupart de nos pays africains. A quoi servent les beuveries, les excès de tables et tous les étalages vains de ce jour-là ? Pour le cas du Cameroun, pendant la semaine, les tables-rondes se succèdaient aux conférences-débats. Une semaine de parlotte, de redondance, de dépenses faramineuses et superfétatoires.
N’eût été le Covid-19, les rues allaient grouiller de monde, les bars se trouveraient obligés d’étendre leurs espaces jusque sur la chaussée, les auberges feraient le plein d’œuf. Evidemment, il y a toujours des ménages qui en pâtissent. Depuis deux éditions, le Coronavirus s’est invité et a changé la donne. Et si on pouvait désormais célébrer la Journée internationale de la femme autrement ? Cela a toujours été le combat de JAFEC qui avait fait la proposition en 2011. (Cf Jafec mag N° 2, mars 2011).
Non, les politiques ne font pas assez pour donner à la JIF une essence fondamentale. Il faut passer à un autre palier : célébrer le 8 mars autrement, c’est créer l’émulation. C’est repérer les femmes qui sortent de l’ordinaire, par leurs compétences, leur génie, leurs fonctions bien assumées. Célébrer le 8 mars autrement, c’est récompenser le mérite féminin, c’est répandre le virus de l’excellence féminine. Célébrer le 8 mars autrement, c’est aussi faire chaque année, le bilan de l’exécution des objectifs à partir du point A de la dernière édition au point B de l’édition en cours : dans les familles, en entreprise, au niveau des instances de prise de décision. A compétences égales, les chances en milieu professionnel sont-elles égales pour les femmes ? Les indemnités de maternité sont-elles considérées ? C’est définir d’autres challenges et s’y engager. C’est notre combat à JAFEC. JAFEC présente cette année quelques braves dames dont l’Afrique est fière. Plusieurs d’entre elles, des pionnières. Leurs différents parcours ou actions sont honorables. Elles sont triées parmi les autres, connues ou anonymes.